Après des études de philosophie et un passage par les Beaux-Arts de Rueil-Malmaison, Nathalie Christophe Dao s’oriente vers le merchandising visuel, ce qui la conduit à collaborer avec la maison Chanel. Elle fonde par la suite « Rosamen Bado », une marque de mode responsable, puis choisit de revenir à sa première vocation : la peinture.

La fleur occupe une place essentielle dans sa création. Elle apparaît tantôt comme motif ornemental, tantôt comme élément symbolique, ou personnage au même titre que le sujet représenté. L’artiste recourt également à des tissus issus de fins de stocks de maisons de luxe, prolongeant ainsi le geste de réemploi amorcé avec sa marque de mode. Ce choix n’est pas seulement esthétique : il traduit une volonté de redonner sens et valeur à ce qui a été délaissé.

Dans la série « Fleuraison », ses figures féminines apparaissent en pleine éclosion. La peinture se fait ici métaphore du cycle vital : dans chaque fin se prépare un nouveau commencement. Dans la série « Dames aux cheveux de roses », les cheveux crépus se transforment en bouquets de roses, conjuguant dimension autobiographique et symbolique. À propos de cette série, l’artiste confie : « J’ai souvent essayé de dompter ma nature de cheveux, avec des produits chimiques ou des gestes de coiffage qui pourraient s’apparenter à de la violence, pour me conformer aux normes dictées par la société dans laquelle je suis née. Il m’a fallu du temps pour apprendre à les aimer tel qu’ils sont. »

La peinture de Nathalie Christophe Dao se distingue par une palette vibrante et expressive, où la couleur occupe une place centrale dans la narration. Cette intensité chromatique peut être lue comme une volonté de visibilité et de présence.

L’artiste réalise principalement des portraits de femmes. La symbolique florale, omniprésente dans son œuvre, devient le vecteur de la résilience et de la renaissance, traduisant à la fois une expérience intime et une dimension universelle.

Ces portraits s’inscrivent dans un imaginaire libéré des contraintes du réel. En le sublimant à travers son univers poétique, l’artiste trouve un refuge, écho d’une enfance où l’imagination a été un abri face à un environnement hostile.

Les influences de Nathalie Christophe Dao s’inscrivent dans une constellation multiple, à l’image de son œuvre : traversée, métissée, en dialogue constant avec l’histoire de l’art.

De la peinture européenne de la Renaissance, elle retient la solennité du portrait et le goût du symbole. De l’école haïtienne du XXᵉ siècle, elle puise la vibration des couleurs et la force du sacré.

Ses affinités se prolongent dans des filiations inattendues : Henri Rousseau pour la naïveté visionnaire, Frida Kahlo pour la dimension intime et mythologique, Kehinde Wiley pour la réinvention du portrait comme affirmation identitaire et politique.

Entre ces mondes, Nathalie Christophe Dao compose un langage pictural singulier Interrogeant les représentations de la féminité, y compris celles jugées futiles ou stéréotypées, elle les réhabilite dans mouvement vers la réparation.

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